LA MALADIE DE SINDING-LARSEN-JOHANSSON

La maladie de Sinding-Larsen-Johansson est une apophysose de croissance de la pointe de la rotule.
Elle touche les enfants de 10 à 16 ans.

Elle appartient au groupe des ostéochondrodystrophies extra-articulaires ou apophysoses, dans la classification de Siffert.

Elle fut décrite vers 1921, et doit être considérée non pas comme une maladie de la croissance mais comme une vraie maladie du sport de l'enfance !


Comment la maladie se développe-t-elle ? (physiopathologie)


Elle est due aux forces de traction exercées par l’insertion haute du tendon rotulien (tendon patellaire) sur la pointe de la rotule, où se développent une zone de croissance.

Schéma anatomique des attaches tendineuses sur la partie haute (proximale) du tibia.

Quels sont les signes d'appel de la maladie de Sinding-Larsen-Johansson ?

La maladie de Sinding-Larsen-Johansson se manifeste par des douleurs mécaniques du ou des genoux, survenant lors de l’activité sportive (course, saut, shoot au football).

La pression de la pointe de la rotule provoque la douleur.

 

Comment faire le diagnostic de maladie de Sinding-Larsen-Johansson ?

L’examen clinique permet d’apprécier :
La localisation de la douleur :
L a pression du doigt sur la pointe de la rotule (ou des rotules) provoque une douleur.

L’intensité de la douleur :
M arche normale, boiterie d’évitement plus ou moins importante, impotence fonctionnelle totale.

Le morphotype des membres inférieurs :
Genu valgum (jambes en X) ou genu varum (jambes arquées)

Le poids

Les angles poplités :
Q ui reflètent la raideur des chaînes musculaires postérieures (muscles ischio-jambiers, système suro-achilléo-calcanéo-plantaire).


Mesure de l'angle poplité (méthode anglo-saxonne) : patient en position allongée, muscles totalement DECONTRACTES, l'examinateur lève doucement la jambe en direction du plafond au maximum des possibilités. L'angle entre cette position maximale d'élévation de la jambe et la verticale représente l'angle poplité. Plus il est grand, plus le patient est raide.

 

Quels examens complémentaires demander devant une maladie de Sinding-Larsen-Johansson ?

Le seul examen utile est la radiographie.

Bilan radiologique

Les incidences radiologiques de base sont les suivantes :

Radiographie du genou douloureux de face et de profil

Ce bilan radiologique est le plus souvent normal.

Les images radiographiques peuvent être normales, mais on peut également observer des signes d'ossification de la pointe de la rotule (appositions périostées), des aspects fragementés, voire un aspect de pseudarthrose de la pointe de la rotule.


La radiographie s’impose au titre du diagnostic différentiel, même si la symptomatologie et l’examen clinique sont fortement évocateurs du diagnostic.

Les autres examens (scintigraphie osseuse, tomodensitométrie, remnographie) n’ont aucune utilité pour le diagnostic positif ni dans le bilan de la maladie.


Maladie de Sinding-Larsen-Johansson :
réaction osseuse de la pointe de la rotule sur une vue de profil.


Maladie de Sinding-Larsen-Johansson :
aspect de pseudarthrose (os en 2 parties) sur l'image de gauche ; aspect normal comparatif sur l'image de droite.

Quelles sont les complications de la maladie de Sinding-Larsen-Johansson ?

Les principales complications possibles en cours d'évolution de la maladie sont .

Pseudarthrose de la pointe de la rotule

L'hypertrophie de la pointe de la rotule

L'arrachement apophysaire aigü :
Complication rare sur un effort violent : la force de traction du tendon rotulien (patellaire) arrache la pointe de la rotule. C'est une fracture-avulsion.

 

Comment traiter une maladie de Sinding-Larsen-Johansson ?

Le repos sportif

La maladie de sinding-Larsen-Johansson doit être considérée comme une maladie du sport, et non comme une maladie de la croissance.
Trop souvent, il est conseillé d'attendre en imposant le seul repos sportif, qui à lui seul ne règle pas le problème de fond de la raideur tendino-musculaire.
Le repos sportif scolaire et extra-scolaire est donc indispensable et non négociable.

Les antalgiques et anti-inflammatoires

Il faut diminuer cette douleur de façon médicamenteuse par traitement (oral) antalgique et anti-inflammatoire.

Les pommades en application locale n'ont aucune efficacité.

La kinésithérapie

Elle est fondamentale pour diminuer les forces de traction du tendon rotulien sur le cartilage de croissance de la pointe de la rotule.

Elle doit associer différents aspects.

Les étirements myo-tendineux chez le kinésithérapeute

Ils représentent la part la plus importante du travail de kinésithérapie.

Il doivent être réalisés de façon régulière, au rythme de 2 séances par semaine, chez le kinésithérapeutre et par le kinésithérapeute (exercices passifs).

En effet, l'intérêt d'aller en cabinet de kinésithérapie est de pouvoir faire les exercices d'étirements à 2 personnes. Les étirements que l'on peut réaliser tout seul (individuels) peuvent être réalisés au domicile !

Ces étirements passifs nécessitent donc la présence et la participation du kinésithérapeute du début à la fin de chaque séance (qui doit durer au moins 30 minutes).

Les étirements myo-tendineux à domicile

Le travail d'étirement sera d'autant plus efficace qu'un complément d'étirement par exercices actifs sera réalisé TOUS les SOIRS à domicile, ce qui représente un investissement important, en temps et en motivation.
Réaliser 10 minutes d'exercices chaque soir est un minimum.
Ces exercices individuels doivent être faits de façon efficace, et le kinésithérapeute doit montrer comment les réaliser.

L'immobilisation

Dans certaines formes hyperalgiques, il est utile de réaliser une immobilisation plâtrée de 4 à 6 semaines.

 

Comment éviter la récidive de la maladie de maladie de Sinding-Larsen-Johansson ?

Après guérison, il est possible d'éviter la récidive de la maladie.

Par l'entretien de la souplesse des membres inférieurs

Pendant la phase de croissance, il est naturel de perdre de la souplesse, surtout par le facteur d'accroissement de longueur des os.

La réalisation régulière d'exercices d'étirement à domicile permet donc d'éviter de perdre le travail réalisé en kinésithérapie.
A condition de réaliser régulièrement 2 séances de stretching par semaine.

Par la modification des pratiques sportives

La réalisation d'exercices d'étirements doit encadrer TOUTE activité sportive.

Malheureusement, ceci est rarement enseigné dans le milieu sportif scolaire, et seuls quelques disciplines extra-scolaires appliquent cette procédure avec rigueur (gymnastique, sports de combat, danse classique, hip-hop).

Le sport se réalise idéalement de la façon suivante :

15 minutes d'échauffement SANS JAMAIS COURIR, axé sur le travail articulaire proprioceptif

30 minutes d'étirements activo-dynamiques

la phase sportive proprement dite

15 minutes d'étirements (stretching postural) à la fin de la phase sportive

 

Ceci est valable quel que soit l'âge et quel que soit le sport envisager, même pour la natation, le ski, l'équitation !

L’évolution de la maladie de sinding-Larsen-Johansson se fera dans tous les cas vers la guérison, soit de façon thérapeutique, soit de façon naturelle par fermeture du cartilage de croissance de la pointe de la rotule.

Mais attention, sans prise en compte du facteur hypertonie tendino-musculaire, il est possible de voir disparaître la maladie de Sinding-Larsen-Johansson de l'enfance au profit d'une tendinite du tendon rotulien de l'adulte, véritable pathologie miroir après maturation osseuse.