EPIPHYSIOLYSE FEMORALE PROXIMALE (SUPERIEURE)
Cette pathologie acquise en fin de croissance représente le principal diagnostic de boiterie à évoquer au moment de l'adolescence.
L'épiphysiolyse fémorale proximale était appelée autrefois coxa vara des adolescents.
Comment définir une épiphysiolyse ?
Il s'agit d'un glissement progressif ou aigu du noyau céphalique fémoral par rapport au col fémoral.
Ce glissement vers le dedans (coxa vara) et vers l’arrière (coxa retrorsa).
Epiphysiolyse fémorale proximale gauche : image de scanner avec reconstruction tridimensionnelle : la tête du fémur gauche a basculé vers le bas et en arrière du col du fémur. |
Quelles sont les conséquences du déplacement de la tête du fémur ?
Elles sont de 2 types : vasculaires et mécaniques.
Conséquences vasculaires :
Le déplacement provoque une étirement des vaisseaux sanguins sur un col déformé vers l’arrière, ce qui risque de provoquer une ischémie grave de la tête du fémur, et dans le pire des cas une destruction importante.
Conséquences mécaniques :
Le déplacement provoque des modification de l'anatomie osseuse : ainsi, la hanche se retrouve limitée dans ses mouvements d’abduction et de rotation interne.
Données épidémiologiques
L'épiphysiolyse fémorale proximale est
une maladie qui touche principalement le garçon (2/3) de 11 à
16 ans, et bilatérale dans environ 20 % des cas, et qui reste
encore à l'heure actuelle de cause inconnue (origine hormonale
?).
Certians facteurs sont considérés comme favorisants :
l'obésité, le retard pubertaire,
l'hypothyroïdie, l'hyperparathyroïdie, la dystrophie rénale,
le traitement par hormone de croissance, la radiothérapie.
Quel est le tableau classique d'une épiphysiolyse ?
Cas de l'épiphysiolyse progressive :
La maladie se manifeste par une douleur
de la hanche ou du genou, d'apparition progressive, avec une
boiterie intermittente puis continue, une contracture musculaire avec
limitation de la rotation interne et de l’abduction.
L'examen clinique retrouve une attitude vicieuse : raccourcissement
et rotation externe du membre inférieur.
Cas de l'épiphysiolyse aiguë :
La maladie se manifeste douleur brutale (parfois après une chute), accompagnée dune impotence fonctionnelle totale, et d'une hanche fixée en rotation externe et très douloureuse.
Le tableau fait penser à une fracture du col
du fémur.
Quels sont les examens à réaliser ?
Le bilan radiographique :
Bascule du noyau céphalique sous la ligne de Klein
(en vert sur l'image de dessous)
Diminution
de la hauteur
du noyau céphalique
Ostéoporose
métaphysaire interne et inférieure
Apposition
périostée au bord supérieur du col (décollement
du périoste)
Incurvation
plus marquée du cartilage de croissance
Epiphysiolyse fémorale proximale droite : radiographie du bassin de face qui montre la bascule vers le bas de la tête du fémur (comparativement à la même ligne de repérage à gauche qui s'appelle la ligne de Klein). |
Epiphysiolyse fémorale proximale droite : radiographie
du bassin de profil qui montre la bascule vers l'arrière
de la tête du fémur : les 2 lignes vertes sont normalement
dans le prolongement l'une de l'autre... |
Le scanner :
Il permet de détecter des épiphysiolyses à petit déplacement, et faire un bilan pré-opératoire plus précis dans les épiphysiolyses à déplacement plus important.
Epiphysiolyse
fémorale proximale droite : scanner du bassin (coupe de face
dite frontale) qui montre la bascule vers le basde la tête du
fémur
La scintigraphie osseuse et l'I.R.M. :
Elle permettent l'une comme l'autre d'étudier si la tête du fémur a souffert suru le plan vascularisation suite au déplacement.
Ceci peut être important à déterminer sur le plan médico-légal.
Comment traiter une épiphysiolyse fémorale proximale ?
Le traitement est chirurgical.
Dans le cas d'une épiphysiolyse fémorale proximale à faible déplacement (<40°) :
interdiction d’appui dès le diagnostic
hospitalisation
pour mise au repos strict
il faut réaliser
une fixation chirurgicale par broches ou par vis dès que possible
Dans le cas d'une épiphysiolyse fémorale proximale àfort
déplacement (>50°) :
il existe
un risque important de nécrose
la réduction
chirurgicale et la fixation seront discutés au cas par cas, les
autres possibilités chirurgicales étant de réaliser
une fixation puis dans un deuxième temps une réorientation
chirurgicale de l'anatomie.
Il est également possible d'envisager une intervention
de Dunn : ostéotomie de raccourcissement du col fémoral,
puis réduction du col du fémur par rapport à la
tête et fixation.
Epiphysiolyse fémorale proximale gauche : fixation par 2 vis qui passent à travers le cartilage de croissance et la tête du fémur. |
Epiphysiolyse fémorale proximale gauche : fixation par
2 broches qui passent à travers le cartilage de croissance
et la tête du fémur. |