Qu'est-ce qu'un pied bot varus équin ?

Un pied bot, appelé aussi pied bot varus équin, est une anomalie de développement du pied survenant pendant la période foetale.
Il s'agit d'une déformation congénitale (c'est à dire existant dès la naissance).
Le pied bot n'est donc pas une malformation du pied, mais une déformation.

Lorsque le pied bot est isolé, sans rapport avec une autre maladie plus générale, on parle de pied bot idiopathique.
Mais dans environ 10% des cas, le pied bot fait partie d'une maladie plus générale et ne représente qu'un des signes de cette maladie : on parle alors de pied bot secondaire ou syndromique.

LE DEVELOPPEMENT INTRA-UTERIN


Schéma des périodes de croissance intra-utérine : une anomalie survenant pendant la période embryonnaire provoquera des malformations.
Les malpositions sont des problèmes de place dans la cavité utérine (les pieds sont alors normaux mais "coincés").

EXPLICATIONS SUR L'ORIGINE DE LA MALADIE (PHYSIOPATHOLOGIE) et DIAGNOSTIC

Les os du pied, leurs articulations et les parties molles (tendons, muscles, peau, capsules des articulations) sont déformés dans plusieurs plans de l'espace.
Ces déformations sont visibles dès la naissance.
Le pied et la cheville manquent de souplesse et semblent enraidis en mauvaise position. Dans l'état actuel des connaissances, personne ne sait pourquoi survient cet enraidissement.
Par contre, on sait qu'il ne s'agit pas d'un problème de place dans l'utérus (contrairement aux malpositions).
Les parents n'ont aucune responsabilité dans la survenue d'un pied bot varus équin !

Le diagnotic de pied bot repose sur la forme et la souplesse du pied et de la cheville : pour parler de pied bot, il faut constater :

Adduction de l'avant-pied
en regardant le pied par le dessous, on voit que la partie avant du pied (avec les orteils) tourne à l'intérieur

Varus de l'arrière -pied
en regardant le pied par derrière, on voit que le talon bascule à l'intérieur

Supination du pied
en regardant le pied par devant, on voit que la plante du pied se tourne vers le haut.

Equin du pied et de la cheville
en regardant le pied de profil, on voit que la pointe du pied est dirigée vers le bas.

 

 

LA FRÉQUENCE DU PIED BOT VARUS ÉQUIN

Le pied bot concerne 1 à 2 enfant(s) pour 1000 naissances.
Les garçons sont plus touchés que les filles (70% des cas).
Les deux pieds sont touchés dans la moitié des cas.

LE DIAGNOSTIC ANTÉNATAL (avant la naissance) DE PIED BOT VARUS ÉQUIN

Il est important de savoir que tous les pieds bots varus équins ne sont pas diagnostiqués en échographie anténatale.
L'échographie anténatale possède donc des limites à son pouvoir de diagnostic, qui sont liées à :

  • la qualité de l'appareil d'échographie,
  • l'expérience du médecin échographiste,
  • la position du foetus au moment de l'échographie,
  • la quantité de liquide amniotique,
  • la corpulence de la maman.

La 2ème échographie anténatale, dite morphologique, est réalisée entre la 21ème et la 23ème semaine d'aménorrhée. L'examen détaillé de la tête, des membres supérieurs et inférieurs, et des organes du thorax et de l'abdomen est plus facile.
L'examen est à la fois morphologique et biométrique (mesures du diamètre et de la circonférence de la tête, de l'abdomen, taille du fémur, etc.) ce qui permet de surveiller la croissance.

L'échographie du 2ème trimestre est la plus apte à dépister un pied bot varus équin.

Aspect de pied bot varus équin en échographie anténatale à 2 dimensions.

Passez la souris sur l'image

 

Aspect de pied bot varus équin en échographie anténatale tridimensionnelle
(en 3 dimensions).

 

LE DIAGNOSTIC DE PIED BOT VARUS EQUIN A LA NAISSANCE :

Même si un pied bot varus équin (droit, gauche ou bilatéral) a été suspecté en échographie avant la naissance, le diagnostic de certitude doit être réalisé après examen clinique.
En effet, certaines malpositions congénitales ressembent exactement à un pied bot varus équin, si bien qu'à l'oeil nu, il est impossible de faire la différence. C'est uniquement la palpation du pied, la manipulation des os et des articulations qui va permettre d'établir un diagnostic de certitude.

Dans une seconde étape, il faut déterminer par un examen plus global du nouveau-né si le pied bot est isolé (pied bot idiopathique) ou secondaire à une maladie plus générale (pied bot syndromique ou secondaire).

Enfin, le bilan de naissance est complété par d'autres examens : échographie de hanches, échographie transfontannellaire.

Malposition congénitale : pied varus :
L'aspect est très évocateur de pied bot varus équin,
mais il ne s'agit que d'une pied qui a été "coincé"
en mauvaise position dans la cavité intra-utérine.

Pied bot syndromique :
E n dehors du pied bot, ce bébé présente une anomalie de formation osseuse et neurologique du bassin.
Le pied bot n'est donc pas isolé mais fait partie d'un problème plus important.

 


PEUT-ON ETABLIR UN DIAGNOTIC DE GRAVITE A LA NAISSANCE ?

Oui.
La classification établie par le Pr Diméglio permet de séparer les pieds bots très sévères, sévères, modérés et bénins.

 

On distingue ainsi les pieds bots très sévères, sévères, modérés et bénins.

Sévérité Score Fréquence
Pieds bénins 0 à 5 20 % des cas
Pieds modérés 5 à 10 30 % des cas
Pieds sévères 10 à 15 40 % des cas
Pieds très sévères 15 à 20 1 % des cas

 

LES TRAITEMENTS POSSIBLES DU PIED BOT VARUS EQUIN

Le traitement orthopédique par platres de Ponseti :

1ère phase : la réduction de la déformation :

Contention du pied et correction par plâtres successifs pendant une période de 6 à 8 semaines, chaque plâtre étant laissé en place pendant 1 semaine.



2ème phase : la consolidation du résultat obtenu :

Cette phase fait appel à des attelles (attelle UNI-BAR, attelle de Mitchel-Ponseti) presque à temps plein pendant 6 mois, puis à rythme nocturne à partir du moment où les enfants commencent à marcher, et ceci jusqu'à l'âge de 3 ou 4 ans.


 

3ème phase : la gestion du risque de récidive :

La croissance du pied risque de provoquer la récidive des déformations.
Il est donc TRES IMPORTANT de ne pas arrêter le traitement, même en cas de bon résultat après les deux premières phases, et de faire suivre régulièrement son enfant (consultation d'orthopédie régulière).

 

Le traitement fonctionnel par kinésithérapie :

1ère phase : la réduction de la déformation :

Manipulations actives et passives du pied, répétées dans la journée.
Pour conserver le bénéfice des corrections manuelles et prolonger le geste de kinésithérapique, le pied est installé sur une plaquette avec des bandes de sparadrap non extensibles et hypoallergéniques.

 

 

2ème phase : la consolidation du résultat obtenu :

La deuxième période est une "phase d'entretien" voire d'amélioration fonctionnelle du résultat obtenu précédemment, qui se poursuit jusqu'à la verticalisation de l'enfant. La kinésithérapie est pratiquée trois fois par semaine, les mobilisations effectuées sont les mêmes que dans la période précédente. On y ajoute la mobilisation en flexion dorsale et en flexion plantaire de l'articulation tibio-tarsienne de façon à surveiller l'installation d'une éventuelle rétraction du tibial antérieur, nocive car varisante.

Le travail actif des muscles fibulaires ou péronniers par stimulations cutanées sur le bord externe du pied peut alors être entrepris. Le renforcement du long fibulaire assurera un bon appui antéro-interne lors de la marche. Enfin l'implication des familles dans le traitement, autorise un peu de souplesse vis à vis de celui-ci.

Pour ce qui concerne les contentions une plaquette incurvée, à concavité plantaire est utilisée. Elle permet un meilleur étirement du tendon d'achille tout en protégeant l'articulation médiotarsienne dans le plan sagittal, évitant ainsi la déformation en pied convexe.
Dans la journée une attelle courte est suffisante, elle laisse plus d'autonomie à l'enfant qui va acquérir la station assise puis le quatre pattes.
La nuit l'attelle longue est toujours de rigueur.

 

3ème phase : la gestion du risque de récidive :

La troisième période est celle de la verticalisation et de la marche.
Plaquette et attelle courte ne sont pas une entrave à ses acquisitions.
Plus l'enfant se verticalise, plus il est libéré des contentions dans la journée.
La marche pied nu est recommandée et nous permet d'apprécier les défauts résiduels de façon à pouvoir les corriger par la kinésithérapie et les moyens de contention nocturne.
Les séances de kinésithérapie s'espacent de plus en plus pour ne devenir qu'une simple surveillance afin de dépister tout risque de récidive.
La nuit, de petites attelles sont conservées si le résultat est bon (orientation du pied correcte; flexion dorsale positive, péroniers très forts) sinon, il faudra continuer le port des attelles fémoro-pédieuses.


Le traitement mixte (plâtres et kinésithérapie) selon Finck :

1ère phase : la réduction de la déformation :

La méthode de Finck comprend 4 cycles d'hospitalisation de 5 jours ,
avec 10 jours de repos à domicile entre chaque cycle.
Pendant l'hospitalisation, chaque cycle de traitement se déroule de la façon suivante :

  • Une séance de kinésithérapie matin et soir pendant 10 mn, associant des manipulations actives et passives du pied.
  • Un bandage de Finck entre chaque séance de kinésithérapie.
  • La réalisation d'une immobilisation plâtrée avant chaque sortie à domicile

 

2ème phase : la consolidation du résultat obtenu :

Elle passe par des séances de kinésithérapie à domicile au rythme de 5 séances /semaine, par l'utilisation de sandales américaines jour et nuit, d'attelle Uni-bar® la nuit et la sieste.

 

 

3ème phase : la gestion du risque de récidive :

Elle utilise des chaussures thérapeutiques anti-varus pendant la journée et des sandales et attelle pendant la nuit.

 

LA METHODE DE PONSETI

Cette méthode est développée séparément car elle a maintenant prouvé sa supériorité par rapport aux autres techniques (traitement fonctionnel par kinésithérapie, et traitement mixte).

La correction des déformations du pied bot fait appel à la réalisation de plâtres qui suivent une procédure très précise. Ces plâtres sont dit cruro-pédieux car ils s'étendent de la racine de la cuisse aux orteils.

Ils sont réalisés en plâtre de Paris (et non en résine), facile à modeler.

Ils sont réalisés lorsque le bébé est le plus calme possible, l'idéal étant de profiter du moment de la têtée (au biberon ou au sein).
Ils nécessitent la présence de 2 personnes habituées à cette technique : 1 personne pour maintenir le pied en bonne position, 1 personne pour confectionner le plâtre.

Chaque plâtre est laissé en place pendant 1 semaine (sauf les 2 derniers qui sont laissés pendant 10 jours).

Pendant toute la durée des plâtres, il est impossible de baigner les enfants.

Avant et après chaque plâtre, le pied bot est évalué en utilisant la classification de Diméglio, et reçoit une note de 1 à 20.
La note de 20 correspond à un pied bot très sévère et très raide.
La note de 1 correspond à un pied bot très modéré et très souple.
Cette note permet de suivre l'évolution du pied bot semaine après semaine.










 

Réalisation du 1er plâtre correcteur selon le protocole du Pr Ponseti

Lors de la réalisation du 6ème plâtre, une section du tendon d'Achille (ténotomie) est réalisée à travers la peau.
Ce 6ème plâtre est laissé en place 10 jours, avant un dernier plâtre de 10 jours également.

Ténotomie d'Achille percutanée : vidéo.

 

 

Après le dernier plâtre (septième ou huitième), soit 2 mois de correction plâtrée, on met en place les sandales américaines et l'attelle de Denis-Browne.
L'attelle est règlée par le chirurgien de façon à maintenir le pied bot fortement tourné vers l'extérieur (60°).

Les sandales américaines et l'attelle de Denis-Browne sont laissées en place jour et nuit pendant 6 mois (avec 1 heure de liberté le matin et l'après-midi).
A partir de 6 mois, cette liberté est portée à 2 heures le matin et l'après-midi.
L'attelle est généralement bien tolérée la nuit, à condition que sa mise en place devienne une sorte de “rituel du coucher”.

Entre l'âge de 2 mois (mise en place de l'attelle et des bottillons en cuir) et l'âge de 6 mois, les enfants bénéficient de 2 heures de liberté complète (sans attelle ni bottillon). Il est possible de faire 2 fois une heure ou deux heures de suite.

A partir de l'âge de 6 mois, ils bénéficient de 2 heures de liberté complète matin et soir.

Entre l'âge de 6 mois et l'acquisition de la marche, les phases de liberté seront PROGRESSIVEMENT AUGMENTEES EN FONCTION DES PROGRES DES ENFANTS.
Ces progrès psycho-moteurs dépendent du développement du système nerveux et ne sont pas influencés par l'utilisation de l'attelle :
autrement dit, l'ATTELLE NE RETARDE AUCUNEMENT L'ACQUISITION DE LA VERTICALISATION NI DE LA MARCHE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Après acquisition de la marche, attelle et chaussures sont portées uniquement la nuit et la sieste.

L'attelle et les bottillons sont portés jusqu'à l'âge de 3 à 4 ans, ceci étant modulé en fonction de l'évolution de chaque pied.

LES RESULTATS DES TRAITEMENTS :

La technique de traitement du pied bot varus équin par la méthode de Ponseti donne le plus souvent d'excellents résultats. Seuls 10% des enfants environ vont devoir bénéficier d'une chirurgie de perfectionnement en cours de croissance.
Cette chirurgie fait surtout appel à des gestes de transfert de tendon pour rééquilibrer la force musculaire du pied. Cette chirurgie de rééquilibrage musculaire est donc moins agressive que la chirurgie dite de "libération" du pied, qui vise à ouvrir plusieurs articulations et à allonger plusieurs tendons pour permettre une meilleur appui au sol.

Il faut savoir que même en cas d'excellent résultat, un pied bot reste un pied bot et que certains aspects ne sont pas accessibles à une correction : les défauts quasiment constants sont : l'excès de peau à la face exterieure du pied, le petit volume du muscle du mollet, la petite taille du pied, la hauteur plus petite du pied.

Excès de peau sur la face externe du pied

L'amyotrophie du mollet est toujours présente, plus visible si un seul côté est atteint

La différence de pointure entre les deux pieds est quasi constante pour les formes unilatérales de pied bot

La différence de longueur du membre porteur du pied bot reste souvent modérée

Excès de peau sur la face externe du pied

L'amyotrophie du mollet est toujours présente, plus visible si un seul côté est atteint

La différence de pointure entre les deux pieds est quasi constante pour les formes unilatérales de pied bot

La différence de longueur du membre porteur du pied bot reste souvent modérée

 

LA CHIRURGIE DU PIED BOT VARUS EQUIN

La chirurgie ne doit pas être considérée comme la dernière des solutions, lorsque tout a échoué.
Elle intervient comme une "chirurgie de perfectionnement du résultat" lorsque le traitement par plâtre ainsi que la marche ne permettent plus d'améliorer le pied.

De nombreuses techniques opératoires peuvent être proposées, en fonction de l'aspect du pied (à l'examen et sur les radiographies).

 

Transfert du muscle Tibialis Anterior sur le 3ème cunéiforme :
 

Indication

Cette intervention est indiquée après l'âge de la marche lorsqu'il existe un déséquilibre de la balance musculaire entre inverseurs et éverseurs du pied (muscles qui tirent le pied à l'intérieur ou à l'extérieur).
Le transfert est indiqué si l’enfant présente un varus (bascule du talon en dedans) et une supination (torsion du pied vers le plafond) durant la marche. Dans ce cas , il existe un épaississement cutanée de la partie latérale de la plante du pied.
Souvent, l’indication de transfert est secondaire à une mauvaise compliance au port de l’attelle.

 

Dessin des incisions cutanées

L’incision dorsolatérale est dessinée sur la partie dorsale médiane du pied [1]

 

Incision médiale

L’incision dorsomédiale est faite en regard de l’insertion du tendon du tibialis anterior [2].

 

Exposition du tendon du tibialis anterior

Le tendon est exposé et détaché de son insertion [3].

 

Mise en place des points d’ancrage

Mise en place des points avec du fil résorbable 0 [4]. Réalisation de plusieurs passages à travers le tendon pour sécuriser la fixation.

 

Transfert du tendon

Transfert du tendon au niveau de l’incision dorsolatérale [5]. Le tendon reste sous le retinaculum des extenseurs et sous les tendons extenseurs. Libération du tissu cellulaire sous-cutané afin de permettre une course directe du tendon latéralement.

 

Option: localisation du site d’insertion

Avec une aiguille comme marqueur, la radiographie peut être utile pour localiser précisément le site du transfert sur le troisième cunéiforme [6]. Notez la position du trou sur la radiographie [flèche].

 

Identification du site pour le transfert

Il doit être sur la partie dorso-médiane du pied, idéalement dans le corps du troisième cunéiforme. Réalisation d'un trou à la pointe carrée pour y placer un système d'ancrage (harpon chirurgical avec fil non résorbable).

 

Sécurisation du tendon

Avec le pied maintenu en flexion dorsale, suture du tendon avec les fils d'ancrage.

 

Fixation supplémentaire

On peut completer la fixation en suturant le tendon au périoste à son entrée dans le cunéiforme [3] en utilisant un fil résorbable.

 

Fermeture cutanée

Fermeture: les incisions par des points sous cutanés avec du fil résorbable [6].

 

Immobilisation plâtrée et soins post-opératoires

Un pansement sterile est appliqué [7], et une botte plâtrée est mise en place pour 6 semaines (3 semaines sans appui puis 3 semaines avec appui). L'hospitalisation est de 2 à 3 nuits.

 

Les informations de cette page sont issues des références bibliographiques suivantes :

 

 

Site internet :
Traitement orthopédique du pied bot à la naissance
Méthode du Dr Ponseti
www.soignerunpiedbot.com

Site internet :
Kinésithérapie du pied bot varus équin par l'image
www.pied-bot.fr

 


Date de la dernière modification : mardi 28 décembre 2010